2 février 2013

Un système de soins inégalitaire

le Haut Conseil du financement de la protection sociale remettra les résultats de ses travaux au printemps prochain. Cela devrait déboucher sur la réforme d’un système constamment déficitaire, mais surtout de plus en plus inégalitaire, comme en témoigne le rapport annuel remis fin décembre 2012 par le Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM)1.
Dépassements d’honoraires, déserts médicaux, renoncements aux soins... Au delà des promesses électorales, le sujet est brûlant et la situation très tendue en termes d’accès aux soins. Or, comme le souligne le rapport, « la réduction des inégalités sociales de santé est un enjeu des politiques publiques, mais aussi un enjeu pour l’Assurance Maladie ».

Un cadre a une meilleure espérance de vie qu’un ouvrier
Certains chiffres sont sans appel. L’espérance de vie d'un cadre de 35 ans dépasse de plus de six ans l’espérance de vie d'un ouvrier du même âge. L’écart entre les deux catégories s’accroît même de huit ans lorsque l’on considère l’espérance de vie « sans incapacité ».

Plus d’un tiers des personnes sans complémentaire santé renoncent à se soigner
Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie note également que le taux de renoncement aux soins pour raisons financières des ouvriers est 1,5 fois plus élevé que celui des cadres, et que celui des personnes sans complémentaire santé l’est plus encore. Les personnes qui ne bénéficient pas d’une complémentaire santé sont, d’ailleurs, deux fois plus tentées de renoncer aux soins que ceux qui en sont titulaires. Ainsi, 14% des adhérents d’une complémentaire santé auraient renoncé à des soins pour raisons financières. Ce taux grimpe à 19,7% chez les bénéficiaires de la CMU-C et à plys de 32% pour les personnes sans aucune couverture complémentaire.

Pour ce qui est de la prévention, les inégalités sociales sont flagrantes également. Les cadres et les professions intermédiaires ont, par rapport aux autres catégories sociales, une probabilité de 10% supérieure de bénéficier d’un dépistage du cancer colo-rectal. Par contre, les ouvrières ont une probabilité 2 fois plus importante que celle des cadres de ne pas effectuer un frottis.

Evoquant une étude portant sur les inégalités sociales de santé dans 22 pays européens, le Haut Conseil montre que l’incidence des différences sociales sur la mortalité est plus importante en France que dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. L'héxagone se caractérise ainsi par un indice relatif d’inégalité2 parmi les plus élevés. Et si les Français consultent plus les médecins que leurs voisins européens, nous sommes aussi le pays où l’accès aux soins, chez les généralistes comme chez les spécialistes, dépend le plus des revenus.


1: Rapport téléchargeable ici
2: L’indice relatif d’inégalité croise les « indices d’inégalités sociales » et des « indices d’inégalité d’état de santé », afin de définir une « inégalité sociale de santé ».

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